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Europe : vers une limite de THC à 0,5 % dans le chanvre industriel ?

L’Europe envisage de relever la limite légale de THC dans le chanvre industriel à 0,5 %.
Un petit changement sur le papier, mais un tournant stratégique pour les agriculteurs, les marques CBD et le marché tout entier.

⏱️ Temps de lecture : 5 minutes

Champ de chanvre industriel avec drapeau européen en arrière-plan, évoquant la réforme du taux de THC en Europe.

Voici ce qu’il en est 👇

🔑 Point Clés

  • 📈 Des eurodéputés proposent de passer de 0,3 % à 0,5 % de THC dans le chanvre industriel.
  • 🌿 Objectif : protéger les agriculteurs, booster le marché CBD, et stabiliser la filière.
  • 🛑 La réforme doit encore être validée au niveau européen, puis adoptée par chaque État.
  • 🇮🇹 Elle fait écho à la répression en Italie, où les fleurs de chanvre ont été interdites.
  • 🌍 Une harmonisation alignerait l’UE sur des pays comme la Suisse ou la République tchèque.

🧾 Le cadre actuel : 0,3 %… ou moins

Depuis 2023, le chanvre contenant jusqu’à 0,3 % de THC est éligible aux aides de la Politique Agricole Commune (PAC) dans l’Union européenne.
Mais ce seuil n’est pas une règle uniforme sur le territoire européen : chaque pays peut fixer sa propre limite légale de THC.

Certains États, comme la France ou l’Italie, restent très stricts, interdisant toute culture dépassant ce taux.
D’autres, comme la République tchèque ou la Suisse (hors UE), autorisent jusqu’à 1 %, ce qui ouvre la voie à plus de diversité variétale et de flexibilité agricole.

➡️ Cette disparité génère de nombreuses incohérences juridiques, freine les échanges intra-européens et fragilise les producteurs.

🗳️ Une proposition portée par le Parlement européen

En juillet 2025, la commission agriculture (AGRI) du Parlement européen a proposé de relever la limite maximale de THC autorisée dans le chanvre industriel à 0,5 %.
Cette recommandation a été portée par plusieurs eurodéputés, dont Cristina Guarda (Verts, Italie), Luke Ming Flanagan (La Gauche, Irlande) et Barry Cowen (Renew, Irlande).

L’objectif est de mettre en place une classification unifiée du chanvre à l’échelle de l’Union européenne, en l’intégrant à la prochaine PAC et à l’OCM (Organisation Commune des Marchés).

Concrètement, cela permettrait :

  • d’assurer une reconnaissance légale claire du chanvre, incluant ses fleurs et dérivés,
  • de protéger les producteurs face aux interdictions nationales arbitraires,
  • et de favoriser une réglementation cohérente pour toute la filière CBD.

👉 Une réforme qui pourrait poser les bases d’un marché plus stable, plus équitable, et plus compétitif à l’échelle européenne.

🌍 Pourquoi c’est important

Cette réforme aurait des effets concrets et immédiats pour toute la filière chanvre en Europe, bien au-delà du seul chiffre “0,5 %”.

🔓 Sécurité agricole renforcée

Les taux de THC varient naturellement selon la météo, le sol ou la variété. Une marge plus souple évite aux agriculteurs de perdre leur récolte pour quelques dixièmes de trop.

🌱 Plus de variétés autorisées

De nombreuses génétiques riches en CBD sont aujourd’hui hors limite à cause du seuil de 0,3 %. Relever ce seuil ouvrirait plus de diversité génétique et d’innovation.

💰 Extraction plus rentable

Un THC plus élevé permet souvent un meilleur rendement en CBD, donc moins de pertes à l’extraction, et plus de rentabilité.

📦 Un marché plus fluide

Avec une norme commune, les échanges intra-européens seraient facilités, réduisant les barrières douanières et administratives.

📢 Un cadre clair pour les investisseurs

Une réglementation harmonisée envoie un signal positif aux acteurs économiques : moins d’incertitude, plus de confiance pour investir.

👉 Ce projet de loi ne vise donc pas à libéraliser le cannabis, mais à adapter la législation au réel : celui des champs, des laboratoires et des consommateurs.

🛑 Ce qui bloque encore

Malgré son potentiel, cette réforme est encore loin d’être adoptée.

Elle doit franchir plusieurs étapes clés :

  1. Vote du Parlement européen
  2. Validation par la Commission européenne
  3. Adoption par les États membres, chacun devant adapter sa législation nationale

Et c’est là que les choses se compliquent.

Certains pays, comme l’Italie, s’opposent fermement à toute libéralisation, même partielle. En avril 2025, le gouvernement Meloni a publié un décret reclassant les fleurs de chanvre comme stupéfiants, interdisant leur culture et leur vente.

Cette décision a été contestée par les tribunaux, qui ont pointé une violation du droit européen et de la liberté d’initiative économique.
Mais elle montre à quel point le flou juridique laisse place à des décisions politiques arbitraires.

👉 D’où l’urgence de verrouiller cette réforme au niveau européen, pour éviter les blocages nationaux et protéger la filière.

📅 Prochaines étapes

La proposition portée par la commission AGRI n’est pas encore contraignante, mais elle lance un processus législatif structurant pour les années à venir.

🛠️ Les étapes à suivre :

  • 🗳️ Débat et vote au Parlement européen
  • 🧩 Révision de la PAC et de l’OCM pour intégrer la nouvelle définition du chanvre
  • 🤝 Concertation avec les États membres pour aligner les législations nationales

🎯 L’objectif affiché par Cristina Guarda : adopter la réforme avant 2028, date de mise en œuvre de la nouvelle PAC.
Mais si l’amendement est intégré rapidement à l’OCM, cela pourrait accélérer la reconnaissance des fleurs et extraits, et neutraliser certaines interdictions nationales dès les prochaines années.

👉 Autrement dit, le compte à rebours est lancé, et les mois à venir seront décisifs pour l’avenir du chanvre européen.

🏁 Une avancée attendue pour le chanvre en Europe

Relever la limite de THC à 0,5 %, ce n’est pas légaliser le cannabis récréatif — c’est moderniser un cadre agricole dépassé.
Cette évolution permettrait de mieux protéger les cultivateurs, stimuler la recherche variétale, et structurer un marché en plein essor.

C’est une opportunité pour tous les acteurs du secteur :

  • les agriculteurs qui travaillent dans les règles,
  • les professionnels du CBD qui innovent,
  • les consommateurs qui cherchent des produits fiables et transparents.

Il reste des étapes à franchir, mais l’harmonisation européenne est indispensable pour stabiliser la filière et lui permettre de se développer durablement.